Page 21 - STADIUM MAG 5
P. 21

Didier DESCHAMPS

porté. J’ai eu la chance d’avoir des éducateurs, des entraî- Nous aurons aussi besoin d’un public qui sera le plus

neurs qui m’ont aussi beaucoup appris. Je ne sais pas ce supporter possible. Il y aura aussi beaucoup de bénévolat,

que je pourrais laisser en héritage à ceux qui sont au- des gens qui vont passer beaucoup de temps et ils ne sont

jourd’hui joueur et qui deviendront peut-être entraîneur. pas souvent mis en avant. Mais aujourd’hui ces bénévoles,

Chacun a ses idées, sa propre personnalité, son caractère, dans le monde du football, sont essentiels et notamment

ses convictions. Le maître-mot quand on est entraîneur ou dans l’organisation d’un tel événement.

sélectionneur, c’est s’adapter.

                                                                Vous avez été comme joueur au cœur d’un tel événement

L'EURO 2016 EN FRANCE                                           avec la Coupe du Monde 1998. Etiez-vous totalement
                                                                dans votre bulle ou vous rendiez-vous compte du soutien
 "Pas de stress mais de l’excitation"                           populaire ?

                                                                Les joueurs ne sont pas insensibles. Ils ne sont pas éloignés

Sentez-vous déjà une attente particulière autour de même s’ils peuvent laisser paraître une certaine distance.

l’Euro ?                                                        Aujourd’hui, il y a une cote d’amour qui est plus importante

C’est certain. L’attente, elle est déjà là et elle va être crois- et je peux vous assurer qu’ils préfèrent être aimés plutôt que

sante. Mais je ne prends ça que du côté positif. C’est de détestés. Ils ne jouent pas un rôle. Ils ne font pas de la com-

l’adrénaline, de l’excitation. Qu’on ne me parle pas de stress munication. C’est quelque chose de naturel d’aller vers les

ou de pression ! La pression, il y a d’autres gens qui l’ont gens, d’avoir cette proximité avec notre public. Ce n’est pas

lorsqu’ils doivent se lever à 6 heures le matin.                      organisé, on ne les oblige pas. Le public sent

Nous, on est des privilégiés. L’attente est là "Nous aurons besoin que les joueurs sont disponibles. Pas assez
pour que le championnat d’Europe soit une                             peut-être. Ils ne le sont jamais assez, mais
très belle fête. Cela passe par de très bons      d’une mobilisation  ça se passe bien. Ils ont besoin du public.

résultats de l’équipe de France. Mais se le dans les petites villes, Mais comme je le dis et je le répète ce sont

dire ou l'entendre chaque matin ne doit pas       les grandes et les  des privilégiés et il faut qu’ils en aient
nous inhiber ou nous contracter.                      villages"       conscience tous les jours. Je suis parti du
                                                                      principe, dès le premier jour, que lorsqu’on a

Est-ce qu’il y a une dimension autre que                              la possibilité de faire plaisir à un gamin, une

sportive dans un tel événement ?                                femme, un papa, une maman, un grand-père, une grand-

Oui, l’engouement va au-delà de l’aspect footballistique. mère par un sourire, une photo ou un autographe, ça ne doit

C’est l’image de la France dans l’Europe et dans le monde pas être une corvée.

entier qui va être exposée. Nous aurons besoin d’une mobi-

lisation dans les petites villes, les grandes et les villages.                  Propos recueillis par Cyrille LEGENDRE

"Tous ces bénévoles ont un rôle très très
important dans l’encadrement des jeunes"

                                                                                                                                  21
   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26